50 lignes minimum → histoire + caractère recommandé.

Je me sens en sécurité dans tes bras, c'est un peu pour ça que je t’apprécie. Il se souvenait très bien de la première fois qu'elle lui avait dit ça. Elle venait d'être largué, elle était au bord du gouffre et une fois de plus, car ce n'était pas la première fois, elle était venu se réfugier dans ses bras. Cette fois-là était particulière puisqu'elle était un peu éméché par l'alcool. Elle lui avait dit beaucoup de choses, mais c'était cette phrase qui était resté dans son esprit. Sécurisant, voilà tout ce qu'il était pour elle. Il décida après ça de couper les ponts. Il la supprima de son répertoire téléphonique et il passa la majorité de son temps à l'éviter dans les couloirs. Il ne répondait plus à ses petits mots qu'elle faisait passer en classe. Il ne la regardait même plus, cherchant à l'effacer complètement de son esprit. Il ne comprenait pas pourquoi c'était si douloureux, aujourd'hui encore il ne comprend pas ce qu'est cette sensation étrange qui le prend parfois au cœur.

Je ne te comprends pas toujours, mais je crois que je t'aime bien. Ils ne se connaissaient pas depuis deux jours et déjà on lui faisait une déclaration d'amitié. Il n'arrivait pas à comprendre comment on pouvait offrir sa confiance au premier venu. Méfiant, c'était un minimum. Il était si facile de briser quelqu'un, encore plus quand il s'agissait de lui. Il était sensible, émotionnellement fragile. Il fallait dire que son père venait de mourir, les risques du métier. Celui-ci était soldat, il combattait en Irak. Il avait refusé d'écouter ce que sa mère voulait lui dire. En réalité, c'était juste trop choquant pour lui. Son père représentait l'incarnation même de la force, un pilier irremplaçable. Et en lui annonçait qu'il n'était plus de ce monde. Son univers s'écroulait petit à petit et plus son monde était restreint, plus il s'enfermait dans sa coquille. Cette perte, il ne pourrait pas prendre le temps de la combler.

Tu n'es pas seul, alors ressaisis toi ! Sa tante avait raison, elle le lui répétait sans cesse. Pourtant il ne pouvait rien faire d'autres que de regarder sa mère qui se saignait à la tâche. Elle enchainait les boulots, elle faisait tout pour qu'il puisse continuer à vivre comme il avait toujours vécu. Et puis l'université ce n'était pas gratuit. C'est pour cela qu'il est devenu plus strict envers lui même. Il faisait de son mieux pour sourire, pour paraitre fort. Il ne pleurait plus, il parlait peu et se contentait d'observer. Il faisait en sorte de ne pas inquiéter sa mère. Apprendre à faire la lessive, à cuisiner, à réparer ce qui devait l'être. Il ne voulait pas être un poids, il désirait lui aussi combler le manque qu'il n'était pas le seul à souffrir. Puis ce fut le déclic : associations, religion..etc Il s'investissait dans un maximum d'activités, il tentait tant bien que mal de s'ouvrir et surtout d'aider les autres. Finalement sa mère a arrêté de s'inquiéter pour lui, elle semblait même reprendre du poil de la bête.

Tu ne veux pas fermer tes livres et venir t'amuser un peu ? Il étudiait trop, ne s'amuser pas assez. Parce qu'il préférait les livres aux fêtes, le thé au whisky, le sucre aux femmes, on ne cessait de l'ennuyer. Mais au fond cela lui faisait plaisir, bien que solitaire, il aimait en réalité être entouré. Mais pas trop car il souffrait malgré lui d'agoraphobie. Cela était survenu durant son enfance, l'époque où on le brutalisait dans la cour et même pendant les sorties scolaires. Il avait réalisé que la foule pouvait servir à masquer les violences. La peur, la douleur, la souffrance, la terreur, un mélange qu'il assimile désormais à cette foule immense. Mais il essaye de vivre avec et il ne montre pas facilement ses faiblesses, celle-ci en particulier. Pour le reste, il se consacre pleinement à ses études de médecine et aspire à devenir un brillant médecin généraliste. Assidue, ponctuel, travailleur, volontaire, discipliné, tant de qualités qui lui valent d'être un exemple.

Tu étais plus amusant quand nous étions enfants. L'enfance, la tendre innocence. Cela remonte à loin, si loin qu'il ne s'en souvient que peu. Il aimait beaucoup dessiner, il adorait le sourire de sa maîtresse mais il souffrait en silence de la violence de ses camarades. Timide, il n'avait que peu d'amis, peureux il ne savait pas comment se défendre. Mais même si cela reste la pire période de sa vie, il en garde de bons souvenirs. Ceux de son père, des moments de joies et d'amitiés, des éclats de rires et des folles bêtises. Mais cette époque est révolue, désormais c'est un jeune homme plein d'assurance, droit et sérieux qui s'engage pour une nouvelle année à l'université. Il n'a plus à craindre d'être persécuté puisqu'il peut enfin se défendre par lui même. Manipulateurs et calculateurs peuvent toujours s'essayer à leurs jeux puérils, il ne se laissera certainement pas marcher sur les pieds.

La vie continue et même au centre des disputes et des quiproquo, elle s'annonce palpitante et au-delà du divertissant. Une nouvelle année commence.